ALLEGRO-en-POÉSIE / POÉSIE-sur-ALLEGRETTO
Écrits
sur Allegretto
: Quelques poèmes de Martine Morillon-Carreau.
Pour en savoir plus sur l'auteure, visiter son site : http://m.morillon.carreau.free.fr Entre
ciel et mer
tout amer oublié empailleur d'étoiles mortes suiveur de voiles fantômes entre doux et amer tout amour délié pêcheur de chimères pourchasseur de vent qu'ainsi je demeure et qu'ainsi je meure orpailleur du temps ! Martine
Morillon-Carreau
(Dire, Petit Véhicule, 1998) ***
Un jour
d'horizons bois bleus
en approche la mer la mer battant tout autour avec par-dessus les falaises ce rire des mouettes Jour de miroir mirages transparence suspendue sur l'eau jour de lumière silence sans nombre éclats de glaces et brisées sans bruit autre que cris d'oiseaux pêcheurs on pense ne peut s'empêcher comment de penser leur exultation éclats danseurs sinon de soleil à chercher reflets de quoi ou comme effleurements papillonnements frissonnements foisonnements d'ailes on dirait de métal mais quel à perte de vue miroitant si fines feuilles elles obstinées muettes et jusqu'à la fin du jour promises sur la mer ses écailles juste
caresse
sans dédaigner l'invite d'étiers ni marais gris L'accueil avant la haie les cyprès courbés fut de part et d'autre de l'étrave une escorte blanche d'aigrettes Martine
Morillon-Carreau
(Le Jardin du porte-plume, Sac à mots, 2005) ***
Marée
montante
Mise en demeure ces vagues de marée leur assaut contre coques à la chaîne se cabrant mer toujours étrangère montant pressée venue d'ailleurs ou de plus loin Mise en demeure Non certes nous ne tarderons plus nous débiteurs et de quelle dette indélébile ignorants une odeur d'œillet de dune d'immortelle dans le vent odeur obstinée d'enfance de varech quelle douceur aussi liberté laminaires aux jambes des nageurs et cette lumière de grenade éclatée sur la houle rose et serrée de tant de soirs tranquilles jusqu'aux brusqueries du rayon vert Nous ne tarderons plus (péril sans doute en la demeure) aux délaissement dissidence demeure désormais sans feu ni lieu toit ni loi toi ni moi j'habite le temps compté des choses éphémères leur reflet trouble où ma joie demeure Martine Morillon-Carreau
(Mais c'est ailleurs toujours, Sac à mots, 2008) ***
Soleil
ta manne sur la mer prodiguée à la crête à la houle douce et qui danse comme lucioles d'eau sans envol captives et qui dansent à perte d'horizon de silence *
Comme haut couloir entre les rochers
et secret bleu secret jusqu'au bout malgré l'amer secret si bien gardé par la falaise avec abruptes hors les vagues qui y bavardent ses marches de pierre sous des algues tout petit port de granit où crient plus fort les oiseaux de mer En cet étroit pouvoir et pour goélands sternes et mouettes il tient l'écho captif (Port de la Meule, Île d'Yeu) Martine
Morillon-Carreau
(Mais c'est ailleurs toujours, Sac à mots, 2008) *
À
pleines voiles par tes mains
offrande ce jour mon Enchanteur ciel mer offrande où surgi du rien de la brume et du bleu l'Île nous crée nous regarde Avec au débarqué dès la dune aux immortelles et pressentis dans le vent messager ses lis œillets sauvages Mais de l'autre côté la falaise on l'apprivoise depuis la mer falaise des métamorphoses où surgi du rien des pierres le château soudain suscité Or comme crécelle du soleil dans le recueillement des vieux arbres toute boussole démentie et surgie du rien de la route et du pas une évidence de cigales (Île d'Yeu) Martine
Morillon-Carreau
(Mais c'est ailleurs toujours, Sac à mots, 2008) *
Sur le bleu
sans nuage
toute blanche et petite à la mesure du port la chapelle au-dessus de la mer Je ne sais qui ouvre sa porte de ciel (Port de la Meule, Île d'Yeu) Martine
Morillon-Carreau
(Mais c'est ailleurs toujours, Sac à mots, 2008) |